La psycho-déco: comment harmoniser son intérieur

Parfois, quand on arrive chez quelqu’un, on se sent immédiatement bien ou, au contraire, on ressent un malaise, une sorte de gène. C’est aussi le cas quand on cherche un nouveau logement, on parle de bonnes ou de mauvaises ondes. Ce ressenti est forcément subjectif, mais il existe, en décoration,  des moyens d’harmoniser un intérieur afin de s’y sentir mieux.

 

Le Feng Shui

 

Il y a quelques années, c’était la grande mode du Feng Shui. Un art millénaire chinois dont le nom signifie littéralement « vent et eau » et qui consiste à apprivoiser les énergies environnementales pour favoriser le bien-être et la santé. Une philosophie qui, très résumée,  amène à réagencer son intérieur pour laisser l’énergie circuler et ainsi favoriser la zénitude et empêcher les blocages.

Le rangement

 

Puis, plus récemment, c’est la méthode Marie Kondo (voir le livre « La magie du rangement », éd. First, 2015)  qui s’est mise à dicter certains de nos comportements. La consultante japonaise, surnommée la « papesse du rangement » invite, elle, à faire le vide. A se débarrasser de tout ce qui est superflu, à désencombrer son intérieur. Mais attention, cette opération ne se fait pas n’importe comment. On s’installe au coeur de sa maison, on trie ses objets par  catégorie avant de les prendre dans nos mains un par un. S’il nous procure de la joie, on le garde, si ce n’est pas le cas, on le jette (si possible en lui disant au revoir, oui, oui, c’est encore une question d’énergies…). Et finalement on range nos affaires, toujours selon la méthode « KonMari », qui donne des directives de placement et de pliages.

« La chambre de l’enfant accueille non seulement son corps mais abrite aussi sa personnalité en devenir. »

Et, circulant aisément au milieu de tout ça, le concept de psycho-décoration d’Alexandra Viragh. Experte reconnue dans les domaines du bien-être et du Feng Shui, elle a fondé la psycho-déco à la fin des années 90.  Ses deux grands axes sont, comme Marie Kondo, le rangement, mais surtout les enfants. Dans son livre, « Espaces d’harmonie pour les enfants », publié aux éditions Dangles en 2011 déjà, elle explique comment le choix des couleurs, mais aussi des meubles de la toute première chambre de bébé peut influencer son développement.

« La chambre de l’enfant accueille non seulement son corps mais abrite aussi sa personnalité en devenir: elle héberge ses secrets, ses jeux, ses secrets et ses apprentissages. Elle est à la fois un espace de liberté et de construction identitaire. Son cocon, les motifs, les coloris, le mobilier et les jouets composent un univers unique qui leur ressemble. Par effet miroir, chaque élément décoratif interagit avec les émotions de l’enfant… »

Des principes hérités des anciennes philosophies chinoises et indiennes, mais confirmés par la psychologie moderne. Voici quelques principes.

 

L’arrivée de bébé
Pour accueillir un nouveau-né, rien de tel que des tons doux, pastels. Et dans cette gamme, rien de tel que des tonalités de rose, allant de la framboise écrasée au saumon pour apaiser un bébé.  Placer un baldaquin au dessus du berceau recréera l’impression de cocon protecteur du ventre de la maman. L’éclairage doit être doux et tamisé, au sol on privilégiera le confort de matériaux naturels et nobles.
A favoriser: les matières soyeuses, le mobilier neuf,  la décoration aux formes épurées et simples.
A éviter: la lumière naturelle trop vive, les plantes et les fleurs, la proximité d’appareils électriques.

• Les principes maternel et paternel
  Les objets, formes et matières maternelles rassurent et renforcent la détente. Leurs courbes sont douces et harmonieuses, leurs couleurs sont le rose, le bleu, le violet, le mauve, le vert, le gris et toutes les nuances de pastel. Une psycho-décoration inspirée du principe maternel est conseillée pour l’introversion, le recueil et favorise la sensation de durée. A éviter chez les enfants au risque de freiner leur créativité.

Les objets, formes et matières paternelles renforcent l’action et l’expansion. Ils sont rigides, géométriques et ont des lignes claires. Leur toucher est dur voire rugueux. Leurs couleurs sont vives, comme le rouge, le jaune, l’orange, le blanc, le doré ou l’argenté. Ce genre de psycho-déco renforce le dynamisme intellectuel, l’importance du « je », la vitesse et l’intensité.

Voilà déjà une belle introduction à la psycho-déco pour les bébés et très jeunes enfants. Mais ces principes évolutifs nous accompagnent tout au long de la vie. Outre la position des meubles dans une pièce (attention à pouvoir voir la porte de sa chambre depuis son lit pour un sentiment de sécurité) et la décoration (avez-vous pensé à placer les tableaux de vos enfants à hauteur de leur regard plutôt que du vôtre?), deux autres principes sont récurrents: l’éclairage et le choix des couleurs qui nous entourent.

• L’éclairage
  La lumière a des effets stimulants évidents. Pout Alexandra Viragh « la lumière est l’équivalent de la respiration. Dans une pièce, les recoins que la lumière naturelle ne peut atteindre diffusent une atmosphère de stagnation et de lourdeur. »
  On compense le manque de lumière naturelle avec des astuces telles des couleurs claires ou carrément des miroirs pour la refléter. On oriente nos lampes vers le plafond pour un éclairage élevant plus diffus et une impression de hauteur, antidote à la dépression.
  Cela dit, dans son livre, la psycho-décoratrice va bien plus loin dans l’analyse de la lumière naturelle qui, selon son origine cardinale, stimule d’autres facettes de notre personnalité.

 

Le choix des couleurs et des matières a une réelle influence sur nos humeurs et nos comportements, selon la psycho-décoratrice Alexandra Viragh.

• Les couleurs
  Il paraît assez évident que les couleurs vives sont stimulantes et les autres calmantes. Mais chaque couleur a ses spécificités et faire le bon choix peut influencer humeur et même comportements, notamment chez les enfants.
  Et attention aussi au revers de médaille. Ainsi le orange synonyme de joie et de dynamisme véhicule aussi l’agitation et l’instabilité. Le violet le sens artistique, mais aussi la sensibilité; le marron la stabilité, mais aussi la méfiance…
  Qu’en est-il des non couleurs, comme le blanc, le gris et le noir? Le blanc aide au niveau de la clarté d’esprit et du sens de l’organisation, mais il induit aussi une certaine froideur relationnelle et parfois même un sentiment de solitude. Le gris, c’est un peu pareil, il renforce la précision et la rigueur, mais place une certaine distance. Et le noir, élégant et profond renvoie aux non-dits et à l’isolement.
  Vous l’aurez compris, la décoration est avant tout une histoire de goûts, mais ceux-ci sont sans doute aussi dictés par le sentiment ressenti au contact des couleurs, formes et matières. Parfois un changement minime suffit à améliorer son confort au quotidien.