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Publié le 4 décembre 2020

Les coopératives, modèle d’avenir

Pour bon nombre de Vaudois, il devient de plus en plus difficile de trouver un appartement à loyer abordable dans les villes et agglomérations les plus prisées. Ainsi, l’intérêt pour les logements d’utilité publique va croissant. Quels facteurs expliquent l’engouement pour ce modèle? Roland Schaub, président de Coopelia, nous en apprend plus sur le sujet.

Le logement est un droit fondamental, inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme depuis 1948. En Suisse, cet objectif est également ratifié dans la Constitution (art. 41): « La Confédération et les cantons s’engagent […] à ce que toute personne en quête d’un logement puisse trouver, pour elle même et sa famille, un logement approprié à des conditions supportables. » Or, l’Etat a toujours mené une politique libérale en matière de logement, période de crise exceptée. Ainsi, aujourd’hui, les logements sociaux représentent 5% du parc immobilier total. En effet, les terrains à bâtir à des prix abordables se font rares.

Début 2020, l’initiative « Davantage de logements abordables » a replacé les coopératives d’habitation, envisagées comme le principal levier des initiants, au centre du débat public. Afin de comprendre leur actualité dans le contexte géographique et politique qui est le nôtre, TocToc s’est tourné vers Roland Schaub, président de Coopelia, coopérative sociale pour l’encouragement à la construction de logements individuels et associatifs et membre de Coopératives d’habitation suisse, fédération des maîtres d’ouvrage d’utilité publique.

Actualité du modèle des coopératives d’habitation

Pour répondre à cette question, il s’agit de mettre en évidence certains enjeux propres au marché de la construction de notre région. Alors qu’entre 1993 et 1999, le taux de vacance de logements assurait une relative fluidité du marché, ainsi que des loyers à prix abordable, à partir du début des années 2000, celui-ci diminue drastiquement dans la région de l’arc lémanique. Avec la diminution de ce taux, une situation de pénurie, soit un taux de logements vacants inférieur à 1.5%, s’installe de manière durable dans certains districts.

En 2015, une enquête, visant à comprendre les perceptions et les aspirations des Vaudois à l’égard du logement, est conduite. Parmi les résultats, il en ressort qu’un locataire sur quatre estime la charge représentée par son loyer trop élevée et 4 locataires sur 10 se montrent intéressés par les coopératives d’habitation.

Aujourd’hui, certains ménages en proie à la précarité consacrent une part importante de leurs revenus au logement. Or, plus leur revenu est bas, plus la charge locative consacrée au loyer est élevée. Ainsi, d’après l’Office fédéral du logement, ce sont quelque 600’000 personnes qui se trouvent en situation de vulnérabilité financière. Et l’on peut aisément imaginer que ce taux a encore augmenté, en raison du Covid-19, qui a poussé toute une frange de la population dans une situation de précarité avec le chômage technique et les licenciements. D’après Roland Schaub, « Il est évident que les 5% de logements à loyers abordables ne suffisent pas à couvrir les besoins de logements de toutes les personnes en situation de vulnérabilité financière. » Selon lui, il est possible et souhaitable d’augmenter ce taux à 8% ou 10%. De plus, il n’est pas seulement question de prix, mais aussi de qualité du logement et de qualité de vie. Non spéculatives par définition, les coopératives sont affranchies de la pression du rendement, ce qui leur permet de faire preuve de davantage d’innovation, en comparaison avec le logement traditionnel. Mais ce ne sont pas leur seul avantage, elles sont également la promesse d’une construction durable et de participation des habitants. La plupart visent d’ailleurs une autorésilience locale, comme c’est le cas, en étant labellisées par l’un des labels issus de la famille de l’Office fédéral de l’environnement: CECB, MINERGIE, le Standard de construction durable suisse SNBS Bâtiment et Site 2000 watts, qui contribuent à l’atteinte des objectifs de la politique énergétique et climatique, ainsi qu’à ceux fixés par la Stratégie pour le développement durable. Enfin, elles ont l’avantage d’impliquer les habitants en amont des projets, puis dans la vie de quartier.

Innovantes et porteuses d’une nouvelle manière d’habiter dans les centres et d’envisager le vivre ensemble, les coopératives méritent assurément un soutien politique plus fort. Souhaitons que davantage d’entre elles voient les jour dans les années à venir!