Immobilier lea

Léa Gillabert

Publié le 13 mars 2017

Les coopératives d’habitation 1/2 : le choix de l’accessibilité

Bien que les coopératives d'habitation ne possèdent que 5% du parc immobilier vaudois leur nombre n'a cessé de grandir de façon exponentielle. Leur principal atout est de proposer des loyers abordables qui manquent cruellement, notamment sur l'Arc lémanique. Afin de comprendre comment les coopératives d'habitation arrivent à proposer des prix bien inférieurs au marché nous nous sommes penchés sur le cas de la coopérative Coopélia.

L’histoire des coopératives d’habitation en Suisse ne date pas d’hier. En effet, on les voit apparaître dès le début du XXème siècle. C’est la pénurie de logement et l’insalubrité des logements bon marchés qui poussent les gens à trouver des solutions d’habitation alternatives. Dès lors, le nombre de coopératives n’a fait qu’augmenter. En 2015, on en recensait 139 inscrites au registre du commerce dans le canton de Vaud.

Parmi ces coopératives d’habitation vaudoises on retrouve Coopélia. Fondée en 1995, elle possède aujourd’hui 357 logements, des locaux commerciaux, un centre médical et des places de parc. À ces derniers s’ajoutent également 18 logements actuellement en construction. Née du désir d’un groupe de personnalités de créer du travail et d’offrir de l’habitat à loyer modéré, elle est reconnue comme une coopérative d’utilité publique. Ainsi, elle fait de l’accessibilité financière son cheval de bataille depuis plus de 20 ans. À sa tête on retrouve Pierre Duvoisin, ancien conseiller d’état.

L’idée de coopération dans le domaine de l’habitat séduit de plus en plus

L’accessibilité financière au cœur de la démarche

Les logements proposés par Coopélia sont 20% moins chers que les prix du marché. Cela est rendu possible en grande partie grâce à la notion d’activité à but non lucratif. Comme le stipule l’article 6 alinéa 1 de la Loi fédérale sur les droits de timbres, sont qualifiées « à but non lucratif » les activités « sans aucun but de lucre, (…) ou qui visent à procurer des habitations à loyer modéré ». Ainsi, les coopératives ne doivent pas faire de bénéfice, cela impliquant forcément l’idée de proposer des loyers à prix coûtant à ses membres.

Les subventions de la commune et du canton jouent également un rôle majeur dans l’abaissement des loyers. Ainsi, « la commune et le canton participent à hauteur de 10% chacun sous la forme de l’aide à la pierre » comme nous l’explique Roland Schaub, Président du conseil d’Administration de Cogestim et Trésorier de Coopélia. Cependant, pour que les locataires aient accès à ces logements subventionnés, ils doivent répondre à certaines conditions cantonales et communales. Entre autres avoir des revenus limités et un taux d’occupation élevé, soit le nombre individus vivant dans le logement.

Finalement, le dernier paramètre qui permet de proposer des loyers à prix modérés est le coût du terrain. Il est difficile de trouver des terrains bon marché dans le canton de Vaud car ceux-ci sont rares. Selon Roland Schaub, « le meilleur moyen aujourd’hui d’obtenir des terrains est que les communes augmentent les coefficients d’occupation du sol en déterminant un certain nombre de mètres carrés dans les nouveaux plans de quartiers pour des logements subventionnés ». Cela permet de limiter l’incidence foncière et donc de pouvoir proposer des loyers abordables.

Une solution tournée vers l’avenir

Bien que les coopératives d’habitation soient propriétaires de seulement 5% du parc immobilier suisse, cela représente environ 11’700 logements. Il est possible que ce chiffre augmente dans les prochaines années car « il est peu probable que les prix de l’immobilier baissent compte tenu de la rareté des terrains et des coûts de construction » soutient Roland Schaub. Les terrains qui sont une denrée de plus en plus rare risquent en effet d’augmenter en prix, ce qui a également un impact sur l’incidence foncière.

Le nombre de coopératives d’habitation ne cesse également d’augmenter, et ceci de manière exponentielle. Cela montre qu’il y a une vraie demande à laquelle il faut répondre. En effet, au cours de la dernière décennie, le rythme a doublé avec 41 coopératives créées depuis 2006. Coopélia, de son côté, compte bien se développer afin de permettre à plus de familles de bénéficier de loyers abordables. Il y a donc fort à parier qu’à l’avenir la coopération et la solidarité permettent d’offrir une meilleure qualité de vie à ceux qui en ont besoin.

Portrait Roland Schaub