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Publié le 8 mai 2020

Gestion de crise et continuité de l’activité : une affaire d’humain

La crise sanitaire et économique actuelle a mis à l’arrêt l’ensemble du tissu économique mondial. Afin de comprendre comment une PME réagit face à la nécessité de se réorganiser, TocToc a interrogé l’administrateur de Cogestim. Ce dernier nous confie ses réflexions, tout en nous livrant son analyse des enjeux humains et économiques actuels.

Après que la Suisse a décrété, le 16 mars 2020, l’état de situation extraordinaire, en exhortant les entreprises à mettre en œuvre les mesures nécessaires pour éviter que leurs collaborateurs ne se rendent sur leur lieu de travail, les entreprises, toutes tailles confondues, ont été contraintes à se réorganiser. Elles ont ainsi dû apprendre à gérer cette crise et les enjeux humains et économiques qui en découlent, conformément aux prescriptions de l’OFSP et aux décisions du Conseil fédéral. Si la crise du COVID-19 pose aujourd’hui de nombreuses questions, elle en insuffle également de nouvelles quant aux conséquences en lien avec la période de l’après-crise. Le milieu immobilier n’est pas en reste.

 

Management en temps de crise : l’humain avant tout

 

Par définition, la crise est un état transitoire entre deux phases d’équilibre. En période de crise sanitaire, les cartes sont rebattues, les acquis et les fondamentaux anéantis. Le management est confronté à des enjeux immédiats, économiques, mais surtout humains. Au jour le jour, l’organisation du travail se voit bouleversée et impacte chaque entreprise de manière différente selon le secteur d’activité. À ce propos, Pierre Aguet, administrateur de Cogestim, nous apporte de précieux éléments d’éclairage quant à l’impact de la crise sur les secteurs de la gérance et du courtage : « Le service a vu affluer une multitude de demandes d’abandon partiel ou de gratuité de loyer, en particulier pour ce qui est des baux commerciaux. En tant qu’intermédiaire entre les locataires et les propriétaires, Cogestim a donc dû instaurer un système en interne permettant le traitement de chaque demande de conciliation avec le propriétaire. Le courtage a également été frappé de plein fouet : de manière soudaine, il a connu une chute drastique de son activité. La vente et l’acquisition immobilière étant avant tout une affaire relationnelle, les impératifs de distanciation sociale et les recommandations à rester chez soi ont généré un ralentissement des affaires durant les premières semaines qui ont suivi l’annonce de l’état de nécessité. Aujourd’hui, les mandats ont repris leur cours et les rencontres, de même que les visites, ont dû être adaptées aux normes sécuritaires. Reste à espérer que la demande reprenne dans les meilleurs délais. »

Une telle situation engendre ainsi un réajustement continu des pratiques et efface un peu plus la frontière entre vie professionnelle et vie privée. Aussi, l’enjeu principal de la direction d’une PME et des responsables de service consiste à soutenir, modérer et rassurer les collaborateurs et la clientèle face aux préoccupations qu’ils peuvent éprouver, ajoute Pierre Aguet. À côté, il s’agit de veiller à la préservation des emplois et des intérêts économiques de l’entreprise.

C’est dans la difficulté que l’on apprend à mieux connaître son entourage professionnel. Bien sûr, le propre d’une crise réside dans la difficulté à s’y préparer; des réactions mal contrôlées ont pu advenir, des erreurs être commises. Ainsi, certains seront plus efficaces en retrait, alors que d’autres, plus à l’aise dans le feu de l’action. Il est évident qu’un tel événement oblige chacun à repenser son rôle, afin que les ressources et les compétences soient mieux positionnées. Concernant la question des enseignements que l’entreprise peut tirer de cette situation, Pierre Aguet précise qu’un questionnaire sera prochainement envoyé aux collaborateurs de Cogestim pour obtenir un ressenti général sur la situation présente.

 

Informer : un exercice indispensable

 

Un autre aspect essentiel, souligne Pierre Aguet, est l’information. On peut penser aux mesures de prophylaxie visant à enrayer la pandémie, mais également aux décisions des autorités conduisant à une réorganisation du travail, par exemple. Cela est d’autant plus indispensable dans ce contexte d’incertitude où l’évolution de la situation sanitaire dicte le rythme aux autorités fédérales, qui vont à leur tour influencer les décisions des acteurs économiques du tissu national. Or, les ajustements graduels du cadre législatif conduisent le management à des prises de décision rapides et à court terme. En effet, ce qui est vrai hier ne le sera peut-être plus demain.

 

Opportunités résultant de la crise du COVID-19

 

Alors que l’urgence sanitaire a provoqué un immense choc, elle a notamment impliqué des mesures de réajustement vectrices d’une accélération du processus de digitalisation à l’œuvre chez Cogestim. Nous avons pu l’observer : cette crise a favorisé les entreprises qui avaient déjà recours à l’économie numérique. Or, depuis quelques années, Cogestim conduit plusieurs projets de dématérialisation de la documentation, afin de permettre le travail à distance par le biais d’un système sécurisé sur le cloud. Si l’adaptation à ces nouveaux outils sera progressive, certaines questions devront être solutionnées rapidement avant une dématérialisation totale.

En conclusion, ces circonstances particulières exigent de chacun de faire preuve d’une certaine souplesse, de bonnes qualités d’écoute et de compréhension. C’est pour cette raison qu’il convient de privilégier l’humain en assurant un climat propice à la cohésion sociale. Et tout en anticipant toutes les conséquences possibles de la crise, il faudra peu à peu songer à mettre en place les conditions permettant une reprise des activités progressive et tournée vers l’avenir.