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Léa Gillabert

Publié le 5 avril 2017

Aller plus haut : la surélévation et la densification urbaine

La Suisse n'est pas seulement à la tête des classements en termes d'innovation ou de niveau de vie. Classée 45 sur 194, elle est également une championne de la densité. La question se pose alors de la construction. Comment continuer à construire dans un si petit pays qui jouit déjà d'une grande densité ?

La densification urbaine

Dans les années 1960, on a préféré construire sur des terrains agricoles en banlieue et périurbains. Puis la crise immobilière qui frappe dans les années 2000 et la saturation des réseaux routiers changent la donne. On observe un retour de la population vers la ville. On se tourne alors vers le concept de densification urbaine. Celui-ci consiste à faire vivre davantage de population sur le même espace urbain. L’idée peut sembler barbare et
évoquer un entassement de la population digne de certaines villes asiatiques. Elle répond cependant parfaitement au défi urbain de notre époque.

Tout d’abord, elle permet de la fonctionnalité en termes de simplification de l’aménagement et de gestion du réseau de transport. Les trajets des pendulaires et des autres habitants s’en trouvent réduits et l’accent est mis sur les transports en commun. Cela a également un impact économique grâce à la réduction de l’usage de la voiture mais aussi à la concentration (et donc la diminution) des infrastructures. Finalement, en évitant l’étalement urbain, la densification urbaine répond au principe de développement durable.

Vue aérienne de Lausanne

La solution de la surélévation

La surélévation est un type de densification urbaine en plein essor ces dernières années. Elle consiste à élever une maison ou sa toiture d’un ou plusieurs niveaux. Cela permet de gagner en surface d’habitation sans toucher à l’emprise au sol. L’avantage principal de cette pratique est donc de construire dans des zones déjà fortement urbanisées. De plus, elle permet de contourner la problématique de l’achat de terrain bâtissable en régions urbaines et périphériques qui est devenu rare.

Son caractère diffus, dû à une implantation sporadique et une verticalisation de la construction, rend facilement possible son intégration dans le paysage urbain sans le dénaturer. Selon Arck Architecture « sans impacter le sol et avec peu de nuisances, nous pensons que c’est une excellente façon de densifier la ville, et ceci, sans toucher au bâti existant ». La surélévation permet également de respecter la Loi sur l’Aménagement du Territoire (LAT) qui préconise « une utilisation mesurée du sol ». Cependant, bien qu’ayant de nombreux avantages, la surélévation peine encore à s’imposer.

Un exemple de surélévation à Morges réalisée par Arck Architecture

Un parcours semé d’embûches

En optant pour ce type de construction, on doit se préparer à de longues procédures et à des risques économiques. Certains cantons comme Vaud ou Genève doivent se plier aux exigences de la Loi sur les Démolitions, Transformations et Rénovations (LDTR). Celle-ci plafonne les loyers des habitations surélevées, limitant ainsi la rentabilité des travaux. De plus, l’article 6 alinéa 2 de la LDTR précise que les autorisations sont données en tenant compte du genre des logements existants, du prix de revient des logements reconstruits, du genre de l’immeuble et du nombre de pièces et de la surface créées. Malgré le passage de la LPPPL en février dernier, on peut déplorer qu’elle ne simplifie pas de manière significative les procédures administratives trop contraignantes. Les voisins directs peuvent également faire un recours si le projet est accepté.

Au delà des procédures administratives, les risques économiques sont susceptibles de dissuader les propriétaires. Les travaux de surélévations peuvent facilement entraîner des surcoûts. En effet, des étages supplémentaires impliquent souvent une nouvelle toiture, une réfection de la cage d’escalier ou des ascenseurs, voir une consolidation structurelle. Les travaux provoquent des nuisances causées par le bruit, les échafaudages et la poussière qui peuvent donner lieu à des compensations de perte de gain. Cependant, comme nous l’explique Arck Architecture, « bien qu’une surélévation couplée à un assainissement a un certain coût par rapport à une construction entièrement neuve, cela permet de conserver le patrimoine bâti avec une réalisation contemporaine ».

Exemple de travaux de surélévation d’une villa à Clarmont par Arck Architecture

Malgré les risques économiques et les longues procédures, la surélévation est une solution pour répondre au besoin de logements en milieu urbain. Elle permet de se tourner vers l’avenir en termes d’expansion des villes sans dénaturer le patrimoine existant.