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Mériem Ottet

Publié le 27 décembre 2018

Quand un explorateur Lausannois fait renaître Pétra ! (2/2)

Comme nous vous l’avons souligné dans un article précédent, Pétra ne se visite pas en un seul jour et elle ne se raconte pas en une seule fois. Nous vous proposons un retour sur cette terre pleine d’énigmes et d’histoires. Nous nous pencherons principalement sur le côté architectural, sans pour autant négliger ce qui gravite autour de Pétra. Impossible d’évoquer la Cité nabatéenne sans faire revivre ses mille et une facettes.

Si, dans un précédent article portant sur Pétra, nous avions abordé son lien avec la Suisse et son origine; ici, il sera question de son architecture et des raisons ayant poussé les Nabatéens à la choisir comme capitale.

La majorité des documents historiques et archéologiques présentent la ville creusée dans la roche comme une nécropole géante. A première vue, c’est bien le cas. Les monuments creusés à même le grès n’ont pas les caractéristiques d’une habitation. De l’extérieur, ils sont richement décorés par la sculpture. L’intérieur, quant à lui, consiste, pour la plupart des cas, en une grande pièce vide. En bref, une dernière demeure. Le Khaznè (Trésor), le Deir (Monastère), la Tombe de Soie sont de gigantesques dernières demeures.

Leur architecture est, pour les archéologues, ce qu’est le Fort Boyard pour les participants du jeu du même nom : une source d’informations inépuisable… ou presque !
 

Zoom sur l’architecture des édifices de Pétra

 

Le visiteur, émerveillé par la pénombre du Sîq, le longe jusqu’à ce qu’il découvre soudainement le Khaznè (Trésor).

Ce monument, haut de près de 39 mètres et demi et large de 28 mètres, est sans doute le plus célèbre. Son architecture offre de nombreux indices sur l’époque de sa création. Et l’on y devine une esquisse des techniques architecturales.

Vue du Khaznè sculpté dans la roche

Sa partie inférieure se compose d’un portique à fronton avec 6 piliers. Des piliers hauts de 12 mètres et demi. Chose impressionnante : si les quatre piliers des extrémités droite et gauche font partie de la masse rocheuse arrière, les deux piliers centraux en sont dégagés. Et ce par creusement et sculpture. Les deux parties (inférieure et supérieure) sont un mélange de style. On y trouve une touche grecque avec, par exemple, des chapiteaux corinthiens; une touche égyptienne avec une décoration représentant un disque solaire entre deux épis de blé et deux cornes de bœuf.

L’intérieur du Khaznè reste un mystère pour le visiteur. Sa visite n’est pas autorisée.

Le Khaznè (Trésor)

A droite et à gauche du monument apparaissent deux rangées de trous alignées l’une à côté de l’autre. Etrangement, elles disparaissent à quelques mètres du sol. Les chercheurs supposent qu’il s’agirait d’une trace des fixations d’échafaudage. Ce dernier était nécessaire au début du creusage car l’entreprise commençait par le haut. Puis, au fur et à mesure que les débris s’accumulaient par terre, ils formaient une assise et l’échafaudage n’était plus nécessaire. Les ouvriers montaient sur la masse de gravats pour continuer le creusement et la taille.

Le deuxième chef-d’œuvre important de Pétra est le Deir (Monastère).

Le Deir (Monastère)

Outre sa grandeur, le premier élément frappant du Deir est l’écart de quelques mètres qui sépare la façade du flanc de la montagne. Avec ses 50 mètres de largeur et ses 45 mètres de hauteur, le monument se compose de deux niveaux représentant des aspects architecturaux mêlant le style hellénique au style nabatéen. Un mélange qui caractérise justement l’originalité du style nabatéen.

Au sommet du Deir, l’urne mesurant 9 mètres de haut donne une idée de la grandeur du monument.

Les nombreux édifices de Pétra sont une indication explicite des fréquentations des Nabatéens. Ainsi, on peut y observer des indices architecturaux hellénistiques, romains, proche-orientaux anciens, égyptiens. Les Nabatéens ont emprunté des aspects stylistiques de leur partenaires commerciaux et en ont fait un mélange typique et original.
 

Pourquoi Pétra ?

 
Comme mentionné, les Nabatéens ont fait de Pétra leur capitale. Pourtant, sa situation géographique ne ressemblait pas à ce qu’on pouvait espérer de mieux pour une ville. Rocheuse, aride, éloignée de tout… et de tous ! Les spécialistes expliquent ce choix par l’avantage qu’il offrait aux commerçants nabatéens. En effet, éloignés du reste du monde, les Nabatéens pouvaient sereinement cacher la richesse qu’ils avaient accumulée.

Un autre élément aurait poussé ces caravaniers à s’installer à Pétra : le Sîq. Un atout de taille pour faciliter la surveillance et la protection contre l’envahisseur, qui n’avait d’autre possibilité que de l’emprunter pour parvenir au cœur de Pétra.

Le temps a fait son œuvre et le lieu est passé de refuge à ville. Au milieu des 600 tombeaux, Pétra abritait 25’000 habitants, des marchés, des habitations. Des habitations rupestres et l’amphithéâtre, creusé lui aussi à même la roche, témoignent de l’entremêlement de la ville des morts et de celle des vivants.

Mais comment imaginer une ville sans eau ?

amphithéâtre pétra jordanie cogestim
Vue aérienne de l’amphithéâtre

Quand les Nabatéens font couler l’eau

 
Les Nabatéens, face à un sol pauvre en ressources en eau et un climat semi-désertique, ont mis en place un réseau de canalisations salué aujourd’hui par les spécialistes de l’hydraulique.  

Afin de recueillir et de conduire l’eau de pluie, des installations d’une technique remarquable ont été créées. Là encore, la mission a été accomplie grâce à des tuyaux en terre cuite et grâce à des canalisations taillées directement dans la roche.

Canalisation creusée dans la roche au pied du Sîq

Sa grandeur physique et architecturale, son passé lointain, sa palette de couleurs font de Pétra un lieu d’une richesse inestimable pour le patrimoine culturel mondial. En résumé, la ville bariolée se raconte, se dessine, se photographie. Mais, au final, seule une visite peut rendre compte véritablement de ce qu’est Pétra.

pétra jordanie cogestim
Vue rapprochée de la palette colorée de la pierre

Notre précieux conseil pour votre future visite à Pétra

 
Toutes les recommandations sont disponibles sur le web. De la part de l’équipe de TocToc, soyez informés qu’à Pétra, les enfants ne vous demanderont qu’une seule chose : du chewing-gum ! Quelques boîtes n’alourdiront guère votre sac. 😉