Un vide qui permet au plein d’exister: visite de la Fonderie Neeser

Dans le cadre de mon stage d’une semaine au sein de l’équipe de TocToc, chez Cogestim, j’ai eu l’opportunité de faire la rencontre de Manon Schwerzmann, une photographe passionnée, au sujet de sa dernière exposition sur la Fonderie Neeser et j’ai eu pour mission d’en faire un compte-rendu. Cette dernière se déroule du 3 février au 10 mars 2018 à l’Espace 81 à Morges.

 

Une artiste incontournable

Manon Schwerzmann est une designer indépendante et surtout une artiste talentueuse. Après avoir caché ses projets pendant près de 25 ans, elle décide de partager avec nous son art et son regard sur les choses. Un regard sur les volumes, les matières et les textures qui abritent le lieu paisible et silencieux qu’était la Fonderie Neeser. Une vision particulière qui donne à réfléchir.

 

En 2016, elle partage son premier projet photographique à Gland qui rappelle le second. En effet, cette précédente exposition mettait en avant un silo abandonné, en pleine destruction. Rongée par les machines, cette ancienne réserve à grains, située près de la gare de Gland, montre ce que l’homme laisse derrière lui. Murs arrachés, fenêtres brisées, un lieu plein de souvenirs et de vie malgré sa détérioration.

 

L’intérêt du bâtiment à l’abandon

La Fonderie Neeser a été créée en 1947. Elle ferme ses portes en 2011 pour laisser place au nouveau projet dont Cogestim est partie prenante: les Résidences du Lac. Six ans séparent sa fermeture de sa démolition, pendant lesquels le bâtiment est à l’abandon, animé parfois par des « visiteurs » intrigués. C’est pendant cette période que Manon Schwerzmann profite de l’ambiance de ce lieu et la capture dans son objectif. Nostalgique des transitions de notre environnement, c’est un travail d’archives, de souvenirs, qu’elle accomplit pour les Morgiens. Manon Schwerzmann s’intéresse au vide qui représente le passé et ramène au présent. A travers cette exposition, elle apporte de l’importance aux choses qu’on laisse derrière nous et valorise également ces sites en fin d’exploitation.

 

A l’aide d’un appareil photo sans zoom, elle prend près de 200 photos de la Fonderie Neeser et des maisons avoisinantes. Seules 20 d’entre elles sont exposées à l’Espace 81 à Morges. Ces photos font ressortir la marque de l’homme. Nous distinguons, en gros plan, l’usure sur une porte, un pinceau « un poil séché », des vieux dossiers. Cette marque de l’homme montre également que le temps s’est arrêté depuis la fermeture de la fonderie. L’image de l’horloge revient d’ailleurs à plusieurs reprises et l’artiste a trouvé judicieux de rassembler les images concernant le temps à l’entrée / sortie de l’exposition.

 

Une énergie particulière

Manon Schwerzmann nous confie avoir ressenti une énergie vivante lors de sa visite de la Fonderie Neeser. Accompagnée des oiseaux et des rayons de soleil traversant les murs cassés, elle a même surpris un autre curieux ! Sa visite se déroule dans le calme et la douceur en contraste avec le côté ardu de certaines tâches qui ont été effectuées dans ce lieu. La photographe met en avant un autre contraste qui est celui des maisons abandonnées depuis quelques temps qui possèdent encore des rideaux en dentelle et du papier peint fleuri.

 

Une nouvelle ère pour la Fonderie Neeser

La démolition de la Fonderie Neeser correspond à la fin de son utilité commerciale mais également au début d’une nouvelle ère. Située au bord du lac et à deux pas du centre ville, l’ancienne industrie va laisser place aux Résidences du Lac. Doté de nombreux accès et services, ce nouveau quartier sera le futur du lieu. Après une période de suspend, voilà le site remis sur pieds, avec logements, bureaux administratifs et surfaces commerciales à la clé.

 

Et pour la suite …

Toujours dans l’optique de partager l’énergie qui se dégage des derniers instants de certains lieux et d’en garder le souvenir, Manon Schwerzmann espère prochainement pouvoir photographier le bâtiment de la gare de Morges avant sa destruction.